Ce groupe musical, « Bel Guide » était présidé par Henri Mongombe et son Vice-président Mwanda D.V. Teddy Sukami en était le Secrétaire administratif.
Après avoir chanté cette chanson de l’orchestre African Jazz, il traversa l’avenue du Président Kasa-vubu pour rentrer chez lui sur la rue Kanda-Kanda dans la commune de Kalamu. Le soir même, il recevait la visite de Mwanda Di Vita dit Mwanda D.V., son ancien chef dans «les Xaveries », un mouvement du scoutisme. Il proposa à Jules d’intégrer leur groupe musical. Le lendemain, lorsqu’il se rendit au lieu du rendez-vous, les musiciens qu’il avait vus la veille n’y étaient plus. Il n’en restait qu’un. C’était Pépé Fely Manuaku. C’était le départ d’un nouveau groupe avec Joseph Roger Nyoka Longo dit Jossart. Un autre copain Simon Mavuela dit Siméon les avait rejoint comme chanteur puis André Bimi d’abord à la batterie avant de devenir le chanteur que l’on connaît. Ce groupe musical fondé par un collège de quatre amis Henri Mongombe, André Bita, Marcelin Delo et Mwanda Di Vita deviendra, le 24 décembre 1969, l’orchestre « Zaïko Langa-Langa ».
Ce sont les hasards de circonstances comme nous venons de le voir qui ont conduit Jules Shungu, le futur Papa Wemba, dans la parcelle de la famille de Gégé Mangaya où répétait l’orchestre Bel Guide.
Félix Manuaku Waku dit Pépé Fely est entré dans l’orchestre « Bel Guide » quelques mois auparavant en 1969. Il y rencontra Joseph Nyoka dit Jossart, Zamwangana dit Enock, Gégé Mangaya, Roxy Tshimpaka et les autres. Très peu de temps après la création de l’orchestre Zaïko Langa-Langa, deux jeunes venus de l’orchestre Maps Jean Pierre Lonyama dit Gina Efonge et Antoine Evoloko dit Anto, feront leur entrée dans le tout nouveau groupe musical. Bien des années plus tard, d’autres artistes sont venus rejoindre le Tout Choc Zaïko Langa Langa au point de laisser une empreinte remarquable. parmi les plus célèbres, nous pouvons citer Claude Nsumbu dit Lengi Lenga, Mbenzu Mbenzuana dit Bozi Boziana, Théo Dido Yogo et Likinga Mangenza dit Redo.L’appellation Zaïco existait déjà en Belgique. L’orchestre « Zaïco » était fondé à Liège en 1967 par Pierre Ngalula dit « Sinatra » et Vincent Munka dit « Tex ». L’homme politique Joseph Ngalula, le père Pierre, était membre de la « Conscience Africaine », mouvement indépendantiste dans l’ancien Congo-Belge. Zaïko veut dire « Zaïre ya bankoko » (Le Zaïre des ancêtres). Tandis que Zaïco, avec « C » signifiait : « Zaïre du Congo ». Nous sommes avant le 27 octobre 1971, la République démocratique du Congo ne s’appelait pas encore la République du Zaïre.
L’orchestre Zaïko Langa Langa avait fait sa sortie officielle dans le Bar Dancing Hawaï, sur la rue Bongolo dans la commune de Kalamu à Kinshasa, le 24 mars 1970. C’était le jour du premier anniversaire du décès du Président Joseph Kasa vubu et premier bourgmestre (maire) africain de la commune de Dendal, commune où répétait l’orchestre « Bel Guide ». Cette commune porte aujourd’hui son nom.
L’une des raisons du succès populaire de ces jeunes, venus pour la plupart des prestigieux établissements scolaires de la capitale congolaise, est d’avoir réussi à faire le trait d’union entre la musique que faisait les étudiants congolais en Belgique et la rumba congolaise en s’inspirant de leurs aînés. Le Tout Choc Zaïko Langa Langa a remis au goût du jour les termes utilisés à l’époque de pionniers de la musique congolaise.
Sebene : partitions destinées à faire danser. Ce terme vient de l’anglais « seven », sept pour désigner l’accord de septième, comme notamment dans le jazz.
Agwaya, cher au guitariste Zacharie Elenga dit Jhimmy l’hawaïenne, est devenu un cri dans le Zaïko pour inciter les mélomanes à la danse .
Paul Mwanga, le collaborateur de Jhimmy, ne citait-il pas déjà le terme Langa-Langa dans une de ses chansons? Chanson où il disait : « Maboko likolo mama, maboko likolo mama, oo pamba ! bakoka biso te…langa langa » (Agitez vos mains en l’air, agitez vos mains en l’air ! rien ne peut nous égaler…langa langa).
Le Zaïko Langa Langa avait aussi adopté la danse Cavacha que popularisait déjà Henri Bowane dans les années cinquante. Le même Bowane, ami de Wendo, qui a découvert beaucoup de grands noms de la musique congolaise comme Franco Lwambo Makiadi, Jean Serge Essous ou Lando Rossignol, a produit en Afrique de l’Ouest, dans les années soixante dix, un album de Zaïko où figuraient des chansons comme « Kin Kiesse ».
A l’époque des pionniers de la musique congolaise connue sous le nom de « Tango ya bawendo » (l’époque des Wendo), il n’y avait quasiment pas d’instruments à vent. Et le Zaïko les a carrément supprimés pour mettre en avant les guitares, particulièrement la guitare lead, appelée au Congo « guitare solo ».
Pépé Fely Manuaku Waku, qui a révolutionné la guitare solo pour la nouvelle génération, s’est inspiré des prédécesseurs, notamment Manuel d’Oliveira, Papa Noël Nedule, Gérard Biyela dit Gerry Gérard, Michelino, Damoiseau, le Docteur Nico, Lwambo Makiadi etc… Pour Manuaku Waku, son style est le résultat de la fusion de ceux de Nico et de Franco. Avant l’avènement de Pépé Fely, les solistes faisaient des ballades avec leurs guitares en reprenant une strophe après les chanteurs avant la partie la plus animée de la chanson. Mais Manuaku, au lieu de «chanter » avec sa guitare, joue une succession des notes mélodiques. Dans la partie animée de la chanson, les fameuses «sébénés », il enchaîne des rythmes rapides et saccadés pour faire danser. Depuis, presque tous les guitaristes lead « solistes » ont adopté le style de Pépé Fely Manuaku Waku.
L’épouse de Pépé Fély Manuaku et Papa Wemba sont cousins. Papa Wemba, le beau-frère de Manuaku Waku, sera celui qui découvrit plus tard de nouveaux talents et la référence pour beaucoup de jeunes chanteurs.
Bien qu’il n’utilise pas d’instruments à vent, Teddy Sukami a démontré dans sa chanson « Bongo Bouger » que l’on pourrait toujours reconnaître l’identité de l’orchestre Zaïko Langa Langa en les utilisant. Cette expérience sera renouvelée avec la chanson « Alekanda ». Ce fut de même lorsque les éléments de Zaïko ont intégré l’orchestre Afrisa International du Seigneur Tabu Ley Rochereau dans le cadre l’ONAZA, l’Orchestre National du Zaïre pour le Festac 77 (festival organisé à Lagos au Nigéria en 1977).
Contrairement à beaucoup de chansons de Zaïko, dans « Bongo Bouger », ce n’est pas la guitare lead « solo » qui prédomine, mais le rythmique.Avec Zéphirin MATIMA Pioso et son approche tout en douceur des rythmes saccadés, bien différents de son collègue Pépé Fely Manuaku, les mélomanes reconnaissent aisément les phrases mélodiques de Zaïko Langa Langa. C’est ce dernier qui a joué toutes les chansons du poète Gina Efonge. Tout est parti d’un malentendu entre Gina et Pépé Fely. Ce dernier devait jouer, semble-t-il, dans « Yo nalinga », une chanson de Gina. Comme il prenait son temps pour accorder sa guitare, une remarque de Gina l’a contrarié. A partir de ce moment, Pépé Fely avait décidé de ne plus jouer la guitare dans les chansons de Gina Efonge tout en restant des amis. Matima, qui interprétait les variétés étrangères, deviendra au fil des années l’autre approche de la guitare lead de Zaïko Langa Langa.Bien que nous parlions de solistes (guitares lead), nous ne pouvons ignorer le rôle joué par la guitare rythmique, appelée au Congo guitare d’accompagnement. Sans l’accompagnement rythmique de Enoch Zamuangana ou de Teddy Sukami, la guitare lead n’aurait pas eu cette complicité complémentaire dans le style Zaïko. Dans certaines chansons, c’est la guitare rythmique qui intervient en solo dans bien des passages tels que dans « Bongo bouger », « Kin Kiesse », « Katshi » etc.
Même si l’opinion publique présente le Zaïko Langa Langa comme le premier orchestre exclusivement composé de jeunes à Kinshasa, en réalité, c’est en 1968, que les jeunes artistes se sont affranchis de la domination de leurs patrons pour créer l’orchestre « Festival des maquisards ». Ce sont donc « des Maquisards » qui ont ouvert la voie aux orchestres comme Stukas, Thu Zaïna, Mustang, Zephir et Zaïko etc. D’ailleurs Jules Shungu dit Papa Wemba avait passé quelques temps avec Gaby Lita dans le Stukas en compagnie de Pablo Bakunde Ilo avant de participer à la création de Zaïko. Pablo y fera bien plus tard son entrée pour suppléer l’absence temporaire de Mary-Joe, le batteur titulaire.
Pour eux, ISIFI veut dire « Institut Supérieur de l’Initiation à la Formation des Idoles ». Mais pour les mélomanes, Isifi venait de «Il suffit ozua idée » (Il suffit d’être inspiré). En 1975, Shungu Wembadio, Mavuela Somo et Bozi Boziana quittaient Isifi Lokolé pour former l’orchestre « Yoka Lokolé ». Ils seront rejoints par Mbuta Mashakado et Lwambo Issa dit «Djo Issa ». Ils reprendront à leur compte «The Fania all stars ! Et que viva la musica ! », les cris d’animation de musiciens latinos lors du mini-festival de musique qui a précédé le championnat du monde de boxe des poids lourds opposant George Foreman à Muhammed Ali. L’attaque chant de l’orchestre Yoka Lokolé se fit appeler « Les fania all stars ».
Shungu Wembadio se fera appelé désormais « Papa Wemba ». En 1976, Papa Wemba fut publiquement révoqué de l’orchestre « Yoka Lokolé » par ses amis, particulièrement Mavuela Somo. Humilié, Papa Wemba ne sut quoi faire. Suivant les conseils de ses amis, particulièrement un certain Sacré Mapenza, Papa Wemba monta son propre orchestre. Il se fit entouré par des chanteurs qui étaient peu connus du grand public. Nous pouvons citer Pépé Bipoli, Jadot le Cambodgien et Petit Aziza. Il fit appel au Prince Espérant Kisangani. Ce grand chanteur très discret était l’un des piliers de l’orchestre « Tabou National » de la commune de Lingwala avant d’évoluer un moment avec Pépé Ndombe dans l’orchestre « Afrisam ».L’orchestre « Viva la musica » de Papa Wemba fit sa sortie officielle le samedi 26 février 1977 au bar dancing « Type Ka » du Seigneur Tabu Ley dans la commune de Kinshasa. Auparavant, l’orchestre « Viva la musica » se faisait appeler l’orchestre Yoka Lokolé aile Wemba par opposition à Yoka Lokolé aile Mavuela. Le siège de l’orchestre était fixé à son domicile au numéro A 42 de la rue Kanda-Kanda dans la commune de Kalamu. Il s’autoproclama chef coutumier du village Molokai. Il s’était inspiré des films qu’il a vus dans sa jeunesse sur Jozef De Veuster dit le père Damien, ce missionnaire belge qui se consacrait aux lépreux de l’île Molokai et qui mourut de la lèpre en 1889 dans cette île des Hawaii. Pour Wemba, Molokai étaient les initiales des rues de cette partie du quartier Matonge où était situé son domicile, siège social de l’orchestre Viva La Musica. Molokai venait de « M » pour Masimanimba, « O » pour Oswe, « Lo » pour Lokolama, « Ka » pour Kanda-Kanda et « I » pour Inzia.
Le Zaïko Langa Langa, ce groupe avant-gardiste de la musique montante ne s’intéresse pas seulement de ce qui se fait de mieux en matière musicale dans le monde mais se tourne aussi vers le patrimoine culturel du Congo. C’est ainsi, qu’avec le phénomène « Atalaku » qu’il a initié en intégrant dans le groupe entre autres Nono Munzuluku, Marius et Doudou Adula, le Zaïko a revalorisé le Tam-Tam et le maracas traditionnels comme le faisaient jadis leurs aînés dans les veillées funèbres (Matanga). Doudou, aujourd’hui, n’est plus seulement animateur mais également chanteur titulaire dans Zaïko.
Zaïko est la première formation musicale à faire évoluer sur la même scène et en même temps deux batteurs : Jean-Marie Ngekerme dit Mary-jo et Paul Bakunde Ilo dit Pablo. Mary-jo, après une longue absence, fut remplacé par Pablo. A son retour, il retrouva sa place à côté de Pablo. Aujourd’hui, Mary-jo est parmi les doyens de l’orchestre.
Contrairement aux artistes musiciens de leur génération, Nyoka Longo, Matima, Enoch Zamuangana, et Teddy Sukami ont fait l’essentiel de leur carrière dans un seul orchestre : Le Tout choc Zaïko Langa Langa. L’un des rares survivants fidèles à cet orchestre depuis le début Jossart Nyoka Longo Mvula est aujourd’hui le pivot central de Zaïko, cette institution de la musique afro mondiale qui a ses racines bien ancrées au Congo. Il l’incarne à lui seul, pour les enfants de la génération qui ont l’âge de ses petits fils. Grâce à lui, Zaïko connaît la longévité qu’aucun orchestre n’a atteint au Congo. Gégé Mangaya, son ami d’enfance qui habitait où l’orchestre « Bel Guide » faisait ses répétitions, a évolué dans le Thu Zaïna en passant par le Tout Puissant Ok-Jazz du Grand Maître Lwambo Makiadi Franco, avant de retrouver le Président Nyoka Longo dans le Zaïko Langa Langa comme Chef d’orchestre.
En cette période anniversaire, nous devons aussi rendre hommage à Henri Mongombe, décédé le 11 octobre 2006, André BITA en 1993, MUANDA D.V. en 1984 et tous les musiciens qui ont fait Zaïko.
Zaïko Langa Langa, ce sont aussi des milliers de fanatiques à travers le monde. Certains d’entre eux, comme Ricky Lumbu, Samy Sax, Eugide Defer ou De Gaulle ont accompagné leur orchestre favori des années durant. Dona Mobeti, l’un des tous premiers sympathisants a failli se bagarrer avec Roxy Tshimpaka qui évoluait à l’époque dans l’orchestre Thu Zaïna lors d’une campagne d’affichage annonçant un bal dansant agrémenté par le Zaïko naissant. Dona Mobeti dit le commandant est devenu quelques années plus tard artiste musicien. Son orchestre Cavacha a révélé des artistes comme Mopero et Djanana. Roxy Tshimpaka avait remplacé Pépé Manuaku qui a créé en 1980 son orchestre « le Grand Zaïko Wa Wa ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.